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    Réseaux sociétaux : le nouvel Internet

    Par Joël de Rosnay, Juin 2004.

    L’Internet retrouve sa vocation d’origine : il n’est plus seulement une réserve de documents, il

    redevient un système de communication interpersonnel. Autrement dit, l’Internet n’est pas seulement

    une nouvelle technologie de l’information et de la communication (NTIC), c’est aussi et surtout, une

    technologie de la relation (TR). Une tendance forte est en train d’émerger : les réseaux

    d’interconnexion sociétaux (en anglais : « social networking » ou encore « P2P » : people to people

    networking). Cette émergence est aujourd’hui rendue possible par la convergence de plusieurs filières

    technologiques et de modes de communications ou de pratiques sociétales. Le sans fils (Wi-Fi, et

    WiMAX, au débit encore plus élevé), le haut débit et le multimédia facilitent de telles communications.

    La transformation des terminaux nomades - les « mobiles » - en hybrides entre téléphones, PC et

    assistants personnels numériques, s’accélère. S’ajoutent à ces évolutions la géolocalisation et des

    pratiques ou des nouveaux outils, tels que SMS multimédias (MMS – messages multimédias

    combinant son/image/texte, ou VMS – messages vidéos), « camphones » (téléphones avec appareil

    photo numérique ou caméra), tags (ou étiquettes intelligentes portées sur des badges d’identification,

    par exemple), ou la prolifération des Weblogs et bientôt des Moblogs, leurs versions mobiles (pages

    web personnelles gérées en temps réel) et des

    RSS feeds (logiciels utilisés pour « fédérer » les

    contenus de weblogs).

    De nombreuses start-ups financées par le capital risque fleurissent dans le domaine du « social

    networking » : Elles ont pour objectif de rapprocher des personnes par affinités, motivations, goûts ou

    volonté d’agir solidairement dans un domaine donné (par exemple : FOF : «

    friends of friends »,

    Friendsters

    , Orkut, Meetic (créé par un français), B2B café…). Même les entreprises s’intéressent au

    « social networking ». Par exemple pour permettre en interne, grâce aux Intranets, de mettre en

    commun des carnets d’adresses pour une vente dans un pays à prospecter, ou pour faire exploiter les

    réseaux de relations (une forme avancée de knowledge management). Selon l’institut d’études

    américain Jupiter Research, un tiers des internautes américains seraient intéressés par ce type de

    services. Les grandes entreprises de communication et de logiciels s’intéressent évidemment aux

    réseaux d’interconnexion sociétaux. Ceux qui fabriquent des terminaux, bien sûr, mais aussi les

    entreprises de logiciels ou de services. Nokia, Cisco avec son WiFi Phone, Intel ou Microsoft sont

    présents. Mais aussi des start-ups comme

    Ntags (badges intelligents) ou Spotme, localisation de

    personnes dans les congrès.

    Pourtant avec l’explosion du « social networking » la prudence s’impose. Derrière ce foisonnement

    des réseaux peuvent se cacher des volontés de traçabilité des usagers. L’échange et la connexion de

    groupes à groupes favorisent l’espionnage, les atteintes à la vie privée (par exemple, qui peut

    souhaiter être photographié à son insu par un camphone et retrouver sa propre photo sur un site de

    vote sur Internet ?). Si l’Internet devient ainsi un système mondial de mise en relation des personnes,

    le vieil adage des réseaux secrets devra sans doute s’appliquer : pour vivre heureux vivons cachés !..

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