•                           Shan Sa met en scène deux destins antagonistes.

                Un soldat du Parti et une étudiante contre révolutionnaire, rescapée involontaire du massacre de Tian An Men - Place de la Paix Céleste. Zhao poursuit Ayamei, qui fuit un monde qu’elle n’accepte pas. Mais il découvre dans le Journal Intime de la « criminelle » une sensibilité et une intelligence qu’il ne soupçonnait pas. Ira-t-il jusqu’au bout de sa mission, ou trahira-t-il son gouvernement ?

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                Deux destins croisés, deux personnes censées se haïr qui se rejoindront peut-être…

    « Du vu et re-vu » me direz-vous. Et bien non, le talent et la singularité de Shan Sa nous permettent encore une fois de découvrir la Chine. Les personnages sont attachant, le fil de l’histoire plein de rebondissement, et de leçons. Le tout dans une écriture, un style si beau qu’on se plonge avec beaucoup de plaisir dans ce court roman d’amitié inavouée et de toute façon invivable.

                                                                            

     

    Du même auteur : Les conspirateurs

    Entretien avec Shan Sa

     

     


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  •   Marie-Joseph Bertini fait de la philo, de l’anthropologie, de l’histoire, de l’épistémologie, de la sociologique, de la  psychanalyse, de la science politique et de la science info-com pour nous parler d’un sujet somme toute très simple : Les Femmes.<o:p></o:p>

             Mais est-ce aussi simple ?<o:p></o:p>

    Non, ce n’est pas si simple d’être femme, et encore moins d’être Femme. Dans un monde où les Médias encensent les Egéries et les Madones, ou la société se passionne pour des histoires de Muses ou de Mères. Et où l’inclassable est classé dans la Figure – terme cher à Bertinti – de la Pasionaria. <o:p></o:p>

             Les cinq archétypes précédemment cités sont plus que des stéréotypes, ce sont des Figures. Les Femmes ne peuvent et ne doivent pas être considérée autrement. Elles ne peuvent accéder à l’espace public sans être « casé », presque « fichée » dans l’une de ces cinq catégories.<o:p></o:p>

             Bertini nous livre une étude pointilleuse de la place des Femmes dans les Médias … et les Médias étant à la fois miroir et acteur de la cité, c’est leur place dans toutes les sphères de la société qui est étudiée.<o:p></o:p>

    Toutes les sphères ? Non, une exception confirme la règle : la Femme au foyer (si cher aux marketeurs…) n’est pas abordée, elle est dépassée. Bertini « passe les bornes », enfonce des portes scellées, elle va au-delà du « sens commun » pour mieux le comprendre.<o:p></o:p>

             L’ouvrage est dur, répétitif, des phrases tournent en boucle et cognent dans la tête de la lectrice ou du lecteur. Mais ce sont des phrases fortes, justes, parfois douloureuses, et je ne résiste pas à l’envie de la citation. « Les mots sont les frontières invisibles des Femmes. » ; « Le silence est frustration rentrée, impuissante, et non détachement libérateur. », « Ce que la Figure de la Pasionaria indique ainsi aux Femmes, c’est que leur combat est voué à l’échec. », « Les hommes peuvent apprendre à se re-saisir eux-mêmes ; les femmes resteront soumises à l’empire des passions. », « Leur rôle se résume à assurer la continuité de la détermination masculine du pouvoir. ».<o:p></o:p>

    Que dire de plus. <o:p></o:p>

    Si ce n’est : « Le langage est une Bastille symbolique dont le contrôle fait l’objet de l’attention sourcilleuse des pouvoirs établis ».

     

                                                                                      LF.

     

    <o:p>Entretienavec MJ Bertini</o:p>

    <o:p>Une autre lecture possible</o:p>

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  • Insecte, inceste, le jeu de mot est facile mais bien choisi.<o:p></o:p>

    Recueil de nouvelles dont le thème est le rapport mère / fille. Des filles, des femmes, des mères, des mères qui s’ignorent et des filles qui ignorent leur mère.<o:p></o:p>

    On ne veut pas se reconnaître dans ces caricatures morbides, et pourtant …<o:p></o:p>

    On ne veut pas rire de ces histoires tragiques, et pourtant …<o:p></o:p>

    Le style est choc et doux ; brouillon et soigné… Claire Castillon nous entraîne dans ses frasques de fille, de femme. Tantôt c’est la mère qui se dévoile, tantôt la fille qui se confie. Et chaque nouvelle nous transporte dans des histoires que l’on connaît, certes avec nuance, mais que l’on refuse de voir.<o:p></o:p>

    Une petite touche de voyeurisme, d’intrusion dans cet univers si commun et pourtant fabuleux ou horrifiant …

                                                                        LF.

      

    Site officiel

     

     


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  •                Mo Yan nous propose de suivre la destinée de Jintong - Enfant d’Or - et de sa grande famille. Meurtris par l’histoire de la Chine -  traversée de part en part par les guerres et les changements de pouvoir, de gouvernement, et de hiérarchie sociale - la tribu des « Shagguan » doit lutter pour survivre, garder sa dignité et protéger le seul descendant mâle : notre fameux héro.

             Héro, vraiment ? Nous connaissions déjà les « Anti-Héros » à l’Européenne tel Bel-Ami ou Hernani, mais ceux-ci gardaient un certains charme ou une fougue suffisante pour se faire aimer du lecteur.

    Jintong est un « obsédé surdoué », qui profite bien souvent de la force ou de la puissance de son entourage.

    Et Mo Yan parvient à me faire détester son personnage principal ! Entouré de figures emblématiques, merveilleuses, fortes, énigmatiques… Ce bâtard maigrichon est la seule ombre au tableau, pourtant somptueux, d’une Chine en pleine mutation.

             L’écriture est subtile, empreint de la culture asiatique de l’auteur, qui, par ailleurs réussit à nous transmettre sa vision de son pays, mais aussi son recul par rapport à la civilisation dans la quelle il a grandi.

             Au fil de l’ouvrage, on comprend à quel point la politique d’un pays peut influencer le quotidien de ses habitants. Combien il est important, pour survivre, d’être « du bon côtés » de ma puissance. Combien il est important, pour lutter, d’être assez nombreux « de l’autre côté » du pouvoir. Et surtout, combien il est important de comprendre que la puissance et le pouvoir peuvent être renversés facilement et remettre en question toutes les prises de position antérieures.

      

                                                                               LF.

      

     


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  •             Confessions d’un Mâl(e) amoureux …

     

                  Beau, la trentaine, marié et père depuis longtemps, l’anti-héros de l’ouvrage part se ressourcer en Italie car son couple bas de l’aile. Rien de plus banal me direz-vous… Loin de là.

      

             Le soir de son arrivée en Italie, à la fin d’un dîner au restaurant, le serveur lui porte - sur un plateau… si j’ose dire - un « bristol » avec un numéro de téléphone et une phrase en Italien : « J’étais derrière toi ».

             Commence alors une grande épopée sentimentale. Tantôt heureux, tantôt coupable, souvent meurtri, et toujours empli d’amour, le jeune homme meurt ou renaît, lutte ou abandonne, sous nos yeux ébahis.

      

      

             Le style est original, simple, poétique. Le lecteur est pris à parti par ce personnage si banal et si singulier à la fois. Il connaît très peu l’amour, et pourtant, on sent bien qu’il a - heureusement ou non - déjà tout compris… Et nous ne pouvons que le comprendre, lui qui se plaint d’incommunicabilité, de manque de tout, de trop plein de n’importe quoi.

             La dualité et les paradoxes de cet homme, qui se sent négligeable et essentiel à la fois, se transforment en délices littéraires sous la plume de N. Fargues. 

             Ce mâle amoureux nous entraîne toujours plus loin dans ses réflexions alambiquées, réalistes mais toujours sincères, sur un amour qui le nourrit et le tue tour à tour.

     

             Paradoxal, enivrant, ambiguë, percutant et pertinent, je conseil ce roman - bien cours à mon goût - à tous les mâles qui s’interrogent sur les femmes et les sentiments et à toutes les femelles en manque de dialogue et de compréhension…

      

                     Un délice à consommer sans modération !

                                                                                                       LF.

    Du même auteur : One Man Show

    Nicolas Fargues chez P.O.L. éditions

     


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